En ce début de nouvelle année, avec les épreuves que tous les Marocaines et Marocains ont connus, après la crise sanitaire, avec les effets de la guerre en Ukraine, avec l’inflation, les tensions sur les denrées de première nécessité, etc. l’on est en droit de se demander : Comment le Maroc va-t-il faire face ? Comment peut-on faire pour que l’économie soit humaine ? Quels sont malgré cela les grands axes de développements du Royaume pour les prochains mois ?
Le regard que je porte aux perspectives pour 2023 n’est pas celui de l’économiste mais celui de l’observateur des politiques publiques avec un filtre sociologique et peut-être bien une nette dimension humaniste. Mon regard se veut évidemment optimiste sans pour autant être crédule.
Tenter une analyse des perspectives implique de prendre en considération les réalités actuelles, et d’y poser en miroir les intentions de réponses des décideurs et les attentes des citoyens. Cela conduit à deux grands aspects : les micro-projets et les macro-projets. Les deux nécessitent d’exister et sont intrinsèquement liés. Ces deux formes et importances de projets ne relèvent évidemment pas des mêmes personnes.
Les constats que dressent tous les observateurs et spécialistes, comme le patron du FMI (qui s’est rendu au Maroc l’automne dernier), le diront : les trois piliers qui caractérisent la situation de l’économie marocaine, c’est « une confluence de chocs négatifs en 2022», notamment la sécheresse qui a négativement affecté la production agricole, le secteur du tourisme qui est toujours en difficulté et n’a pas encore retrouvé ses niveaux d’avant COVID-19 et, cerise sur le gâteau et non des moindres, les effets liés au conflit russo-ukrainien qui ont alimenté l’inflation et réduit le pouvoir d’achat. Tous les pays du monde en sont affectés avec une inflation galopante et une croissance fortement impactée.
Partant de ces constats, il nous faut aborder les perspectives 2023. Et de façon caricaturale, je dirais qu’elles sont de deux ordres :
Les Macro-projets, ceux qui relèvent de la composante des dirigeants : désalinisation de l’eau de mer – grande infrastructures routières/ferroviaires, port de Dakhla – énergie solaire, – énergie verte décarbonée, éolienne, l’hydrogène vert, etc. et bien sûr la poursuite de la régionalisation avancée – Réformes dans l’enseignement, l’administration, etc. A noter que la présentation du programme d’investissement vert (pour les 4 années à venir) faite par le groupe OCP à Sa Majesté (en déc. 22) se veut être : « Un projet d’investissement géant qui vise à catalyser la croissance (…) et à accélérer le développement social. ».
Les Micro-projets, ceux qui touchent directement les citoyens, ceux qu’attentes des Marocains et marocaines et qui sont en lien avec leur vécu, leur quotidien :
Alors, qu’attendent-ils ?
Pouvoir avoir accès facilement aux biens et équipements de consommation courante telle les produits alimentaires, les articles d’entretien ou les vêtements, l’électricité du logement, etc…
Bénéficier d’un accès aux soins de qualité
Pouvoir compter sur une couverture médicale et un revenu de substitution en cas de perte d’emploi
Proposer à ses enfants un système éducatif qui lui assure un avenir professionnel
Et moi, j’ajouterais….
Avoir la capacité de rêver à des lendemains meilleurs !
Et si l’alimentation, le logement, la santé, la protection sociale et l’éducation sont à la fois des évidences mais aussi la résultante d’actions gouvernementales conjuguées, le fait de « rêver » reste du bonheur individuel et cela, c’est gratuit !
Et ce bonheur a été partagé en cette fin de 2022 avec l’exploit des Lions de l’Atlas ! Ce résultat du football ouvre la voie à tous les Marocaines et marocains sur la possibilité qu’ils ont d’aller plus loin. Il ne s’agit pas d’un hasard mais bel et bien du résultat d’un travail, d’une démonstration que le sport n’est pas une dynamique éphémère mais s’inscrit à la fois dans le temps, la pugnacité et s’adresse également à tout un chacun. C’est un sérieux exemple éducatif : qu’il s’agisse du sport ou tout autre engagement, un travail en profondeur produit des résultats. Sa Majesté le Roi Mohammed VI ne s’y est pas trompé lorsqu’en 2008, sa vision l’a conduit à créer une Académie M6 du football. Il avait alors donné cette impulsion. Cela étant, à la vision royale, il faut ajouter la confiance que Le Souverain a en la Nation marocaine capable d’atteindre un objectif !
Encore un mot, par la dimension culturelle le football a su démontrer que l’on pouvait gagner tout en préservant les valeurs fondamentales et les composantes de la civilisation arabo-islamique, lesquelles mettent en avant la tolérance et la solidarité. Ces éléments sont aussi des clefs de la réussite !
A noter que pour un meilleur éclairage, il nous faudra suivre les résultats de la toute récente enquête nationale lancée fin 2022 par l’Institut Royale des Etudes Stratégiques (IRES) sur le lien social. Cette radioscopie de la population marocaine devrait permettre de mieux cerner de multiples aspects de la vie sociale auprès des Marocains.
Mais revenons aux perspectives 2023 !
Les Marocains et Marocaines ont une confiance incroyable en la personne de Sa Majesté. Et ceci est fondamentale, car pour renforcer une cohésion sociale, il faut que le citoyen soit assuré qu’il y a bien, au sommet de l’Etat, « un pilote dans l’avion », qu’il détient bien « un plan solide » et que, grâce à Sa vision royale, il sait vers où « il conduit la Nation ».
Depuis plus de deux décennies, IL a réalisé tout ce qu’IL avait promis. Et pour tout ce qui n’a pas encore été fait, il a exigé du (des) gouvernement(s) (successifs) de remettre ces chantiers rapidement sur l’ouvrage !
Si je traduis ces mots, en attentent concrètes, ces perspectives 2023 ; c’est par exemple :
Anticipée la pénurie et l’accès à l’eau potable
En matière de l’accès à l’eau potable, Si le Royaume représente un véritable modèle sur le continent Africain, car il a su garantir un accès fluide à l’eau pour la grande majorité des ménages avec une priorité pour les zones rurales et reculées, la pénurie liée au dérèglement climatique n’en reste pas moins très préoccupante. Selon les dernières études, le Maroc atteindrait un niveau de stress hydrique extrêmement élevé d’ici 2040.
C’est pourquoi, le discours royal d’ouverture de la session parlementaire automnale 2022 a exhorté les responsables à multiplier les programmes ambitieux, à tirer avantage des nouvelles technologies pour économiser l’eau et recycler les eaux usées, à accorder une attention particulière aux nappes phréatiques, lutter contre les pompages clandestins et stopper la prolifération des forages illicites.
Intervention sociale pour améliorer le vivre ensemble
De la même façon, en matière sociale, les orientations du Souverain ont conduit le gouvernement à renforcer les mesures le social dans le Projet de Loi de Finance (PLF) :
Achèvement du chantier de généralisation de la couverture sociale au profit de tous les Marocains, s’étalant sur 5 années à compter de 2021. Il s’agit d’organiser le passage du régime du RAMED (Régime d’Assistance Médicale) au régime de l’AMO (Assurance Maladie Obligatoire) (finaliser les cadres juridique, financier et technique).
Généralisation de la couverture médicale (initiative royale qui remonte à 2008, celle qui a donné naissance en 2011 au Régime d’Assistance Médicale (RAMED). C’était un engagement que de permettre à la population précaire et marginalisée de bénéficier d’une assistance médicale élargie.
Généralisation des allocations familiales directes, au profit de 7 millions d’enfants issus des familles vulnérables et pauvres – auxquelles s’ajoutent quelques 3 millions de familles sans enfant, suivant une politique de ciblage des classes sociales.
Réforme du secteur de l’éducation – formation (période de 2022 à 2026). Objectif, baisser du tiers le taux d’abandonscolaire, à augmenter les taux (à +70%) d’apprentissage de base des élèves ; améliorer le nombre des étudiants bénéficiaires des activités parascolaires, et ceux bénéficiant des services de transport et de restauration.
Rendre plus attractif le métier d’enseignant auprès des jeunes dans le but de multiplier par cinq le nombre des étudiants en licences de l’éducation
Ces projets, qui concerne un nombre très important de la population, sont totalement réalisables si l’on partage l’optimisme du FMI (mais celui de la BERD) qui estime que : « la croissance devrait s’accélérer, pour atteindre environ 3% en 2023, et le déficit du compte courant devrait se réduire à environ 3,5% du PIB (…) ».
Mais une fois encore, tous ces bonnes intentions n’auront d’impacts que si les Marocains observent des changements tangibles / rénovations visibles, concrètes. Si l’on prend aussi en considération la dépendance des ainés et des handicapés, si l’on poursuit le chantier en profondeur initié par sa Majesté en faveur de l’égalité effective homme/femme et si les décideurs veille constamment à lutter efficacement contre toutes formes de dérives du pouvoir, alors la confiance pourra se renforcer.
Cependant, pour atteindre une société plus juste, un plan social est certes essentiel, car il va répondre aux attentes mais pas cela ne suffit pas ; il ne s’agit pas d’attendre que l’Etat agisse seule. C’est un combat volontaire de chaque jour, un combat de tous, sans exception et au plus près du terrain. Les Marocains ont tous pu observer, qu’au travers de l’exemple sportif, on pouvait lutter contre la fatalité et ainsi construire un nouvel esprit de réussite. Il faut consolider cela et y ajouter de l’audace pour parvenir ensemble à atteindre les objectifs de 2023.
Enfin, nous oublions souvent de mesurer l’impact éducatif de la transmission familiale ; cet impact est fondamental, car en matière d’éducation, c’est le déterminisme familial qui va induire la société de demain. Et l’on ne le dira jamais assez : « l’éducation n’est pas une dépense mais un investissement à haute valeur ajoutée ».
Alors, au lendemain d’une année 2022, jugée globalement positive, les Marocains/es abordent 2023 avec optimisme et sérénité. L’économie reste essentielle pour le développement de tout pays mais la forte dimension humaniste que Sa Majesté souhaite voir intégrée, donne une tout autre couleur d’espoir à l’ensemble de la Nation.
De la réalisation de ces belles perspectives 2023 verra naître un renouveau au Maroc…mais cela sera aussi en fonction de ce que chacun en fera !
PhD. Jean-Marie HEYDT
Le 04/01/23.
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